Mandala des cinq TarasGénération du mandala des cinq samayas qui dissipent les cinq peurs |
|
|
|
Tara, la Libératrice, personnifie la sagesse de la vacuité. Celle-ci étant matricielle de la grande bienfaisance (mahakaruna), Tara est désignée comme la mère des bouddhas. Dans cette pratique du Mandala des cinq Taras, on conçoit les cinq principales Taras : Tara blanche, Tara bleue, Tara jaune, Tara rouge et Tara verte. Chacune d'entre elles est associée, au même titre que les cinq Bouddhas, à un Moudra. Chaque Moudra est le sceau d'une intelligence qui libère d'une illusion qui s'exprime sous l'aspect d'une peur. L'illusion d'une distorsion (sct. klésha) consiste à appréhender son objet en tant qu'altérité donnant l'illusion d'une subjectivité destinataire d'une expérience émotionnelle (pathos) réelle. Au même titre qu'un "doukkha", les cinq peurs sont les symptômes des illusions des cinq kléshas. Ainsi, par exemple pour l'animosité-haine : ce klesha vient d'une saisie en un objet de répulsion. C'est l'illusion faite sur l'objet qui réactive, pour x shémas karmiques, une peur chez le sujet. Cette animosité-haine s'empare alors du sujet qui en subit la confusion et en subira les conséquences karmiques tant que cette distorsion lui semblera réelle, fondée et, surtout, due à l'objet lui-même. La densité et la force de cette animosité-haine sont proportionnelles au vertige que suscite cette peur qui prend sa racine depuis l'ignorance même de la vacuité. Ce qui devient infernal avec la haine c'est qu'elle est hantée, non pas par quelque chose ou quelqu'un de réel, mais par une représentation, une idée, qu'aucun homicide (virtuel* ou réel), ni même des tentatives de pseudo-pardon, ne pourront exorciser de notre esprit (cf Démons et Roudra). Cette impuissance peut nous emporter "hors de nous" en cherchant des moyens toujours plus excessifs et disproportionnés voire définitifs pour faire disparaître l'objet de notre haine. Seule la compréhension et l'analyse de la saisie et de l'illusion puis la réalisation de la vacuité de l'objet peut nous libérer de cette distorsion de l'animosité-haine et de tous les autres kleshas. En réalisant la vacuité de son illusion sur ces objets nous nous libérons du même coup de la peur que les imputations sur ces objets engendrent. Les samayas de chaque Tara consistent à appliquer une Vue de la vacuité pour "traverser" ** la distorsion (sct. klésha) illusoire et la peur qui lui est associée.
La sadhana de cette pratique appartenant au tantrayana, la contemplation s'accompagnera du yoga de la récitation du mantra. Voir Tara verte et sadhana du Mandala des cinq Taras
* Par homicide virtuel, j'entends toutes ces tentatives de faire disparaître de son esprit l'objet de la haine. Ces tentatives vont des plus insignifiantes ou plus incisives et demandent toute notre vigilance pour ne pas laisser la moindre graine de haine impacter notre conscience de base (sct. alaya). Le moindre rejet de l'autre, se refuser de le voir, de lui parler, de le rayer de sa mémoire etc., toutes ces tentatives ne font que solidifier l'existence réel d'un objet de répulsion et donc de nous empêcher la libération de certaines peurs. ** Une des épithètes de Tara est "celle qui fait traverser". |